Le 8 mai dernier, les rues de Marseille ont été le théâtre d’un événement exceptionnel : l’arrivée de la flamme olympique. La ville était en effervescence, avec 150 000 personnes rassemblées dans le Vieux-Port pour accueillir Florent Manaudou et Nantenin Keita. Le moment phare de la journée fut la transmission du flambeau par Manaudou à Keita, avant que Jul n’embrase le chaudron olympique. Toutefois, cette atmosphère festive contraste starkement avec les sentiments de certains résidents de Marseille, préoccupés par les conséquences des Jeux Olympiques de 2024.
Opposition grandissante aux jo de 2024 à marseille
Alors que les festivités battaient leur plein, un groupe de manifestants s’est réuni près du métro Réformés-Canebière, gardé attentivement par des policiers en civil. Ces manifestants, inspirés par le « Carnaval indépendant » de La Plaine, affichaient un message clair : Marseille ne veut pas des JO.
Les revendications de ces contestataires ne se fondent pas sur une aversion systématique pour les projets venant de la capitale ou sur une rivalité classique entre l’OM et d’autres équipes. Leurs inquiétudes sont davantage centrées sur les impacts sociaux et économiques. Victor Collet, sociologue et auteur de “Du Taudis au Airbnb”, affirme que depuis l’Euro 2016, le nombre de logements disponibles à Marseille a été divisé par quatre, tandis que les biens listés sur Airbnb sont passés de 4 500 à 16 000.
Collet souligne que cet événement accentue la crise du logement, alors même que la ville est déjà dans un état critique. Les stigmates des effondrements de la rue d’Aubagne, qui ont coûté la vie à huit personnes en 2018, restent encore vivaces dans la mémoire collective.
Coût et accessibilité des infrastructures olympiques
La base nautique du Roucas-Blanc, l’une des infrastructures clés des JO, a vu son coût exploser, passant de 39 à 50 millions d’euros. Cette augmentation a suscité la colère de nombreux résidents. Selon la trentaine d’associations locales en opposition aux JO, cette base bénéficiera principalement aux populations déjà privilégiées, sans améliorer l’accès au littoral pour les quartiers défavorisés.
Félix Tréguer, du CNRS et membre de La Quadrature du Net, était lui aussi présent lors de la manifestation. Il redoute que les JO entraînent une “policiarisation du centre-ville”. Tréguer s’inquiète des 500 nouvelles caméras de surveillance, qui s’ajoutent aux 1 650 déjà installées, mais surtout de la généralisation de la vidéosurveillance algorithmique. Amnesty International a récemment critiqué ces pratiques, jugées préjudiciables aux libertés individuelles.
Environnement et critique des logiques marchandes
Les critiques vont au-delà des seuls impacts sociaux et économiques. Pixel, un autre manifestant, dénonce les logiques marchandes qui, selon lui, dénaturent la ville et ses liens sociaux. Il est rejoint par Oriane, une militante du collectif NO JO, préoccupée par les conséquences environnementales des futurs Jeux Olympiques d’hiver de 2030 attribués aux Alpes françaises.
Oriane condamne notamment les bassins de stockage d’eau pour alimenter les canons à neige et les projets routiers qui menaceraient le paysage alpin. Elle promeut une réévaluation de ces décisions, jugées contraires à l’intérêt public.
Une opposition déterminée
La détermination des manifestants marseillais ne faiblit pas. Ils ont réitéré leur position sur le Vieux-Port, en déployant une banderole « pas de médaille pour la démocratie ». Leurs critiques des Jeux Olympiques vont des partenaires aux bilans carbone critiques jusqu’à la présence de délégations controversées. Bien que Michel Platini ait exprimé son indifférence face à ces oppositions, les manifestants continuent de faire entendre leurs voix.
Ces opposants soulèvent des problématiques cruciales : la spéculation immobilière, la montée des coûts des infrastructures, la vidéosurveillance accrue et les défis environnementaux. Les Jeux Olympiques, censés fédérer, se révèlent ainsi une source de divisions profondes et de contestations persistantes.
À Marseille, la flamme olympique pourrait bien avoir allumé une contestation bien plus durable que les jeux eux-mêmes. Les prochains mois seront décisifs pour observer si ces mouvements de résistance parviendront à influencer les décisions futures.
- Ollivier, Jean-Paul (Author)
| Problématique | Description |
|---|---|
| Spéculation immobilière | Diminution des logements disponibles, augmentation des biens Airbnb |
| Coût des infrastructures | Explosion des coûts, bénéficies concentrés sur les populations privilégiées |
| Vidéosurveillance | Installation de nouvelles caméras, vidéosurveillance algorithmique |
| Environnement | Impact des projets comme les routes et canons à neige sur les paysages alpins |
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